ADEVA_NC (les dangers de l'amiante en Nouvelle Calédonie)

Publié le par le président

Bienvenue sur le site des victimes de l'Amiante de Nouvelle Calédonie.

   

         OBJECTIFS

Afin de promouvoir l'entraide et la solidarité, entre les victimes de l'amiante, l' A.D.E.V.A.-N.C. :

- Regroupe les victimes de l'amiante en vue de les conseiller et de défendre leurs intérêts matériels et moraux,

- Regroupe les personnes exposées aux risques de l'amiante en vue de les informer et de défendre leurs intérêts,

- Agit pour la mise en oeuvre d'une politique de prévention, de santé publique et de réparation des risques liés à l'amiante.

 

A cet effet, l'association assure la représentation collective de ses adhérents auprès des autorités publiques, administratives et judiciaires.

Elle regroupe également, dans une même action, l'ensemble des personnes morales concernées par les buts définis par les présents statuts.


Un problème de santé publique en Nouvelle-Calédonie.

Le scandale de l'amiante joue les prolongations sous les tropiques. Il s'agit là-bas de l'amiante sous sa forme naturelle, présent dans l'environnement minier..

À la suite du scandale de l'amiante industriel de la fin du siècle dernier, le législateur a interdit, à compter du 1er janvier 1997, la commercialisation et, bien entendu, l'utilisation de l'amiante.
Les textes réglementaires précisent que cette interdiction concerne toutes les variétés d'amiante et s'étend à tous les matériaux susceptibles d'en contenir.
On pourrait donc espérer que, compte tenu de la période de latence qui s'écoule entre l'inhalation de quelques fibres et le déclenchement d'une des pathologies qui lui sont liées (jusqu'à 40 ans, dans le cas du cancer de la plèvre ou d'un autre mésothéliome), le problème ne se poserait plus au-delà d'un délai équivalent.
Des articles parus dans le MONDE du 23 avril 2005, sous la signature de Cécile PRIEUR et Benoît HOPQUIN, ont, fort justement, apporté un bémol à l'optimisme qui pourrait s'instaurer : le problème des matériaux suspects encore en place dans de nombreux ouvrages ou bâtiments, reste posé.
En effet, l'éradication de ces matériaux amiantés entraîne des problématiques nouvelles, il s'agit :
- Des opérations de désamiantage qui sont relativement bien encadrées au plan réglementaire, mais qui souffrent d’un réel manque de moyens au niveau du contrôle des chantiers.
- De la détérioration, par vétusté, des matériaux encore en place. Cette vétusté peut être à l'origine de la dissémination de fibres dangereuses qui risquent d'être inhalées par des personnes ignorant leur existence et souvent, leur dangerosité. Cela concerne également les personnels appelés à intervenir pour des travaux de réparation ou d'entretien dans des locaux contaminés. Le cas de La Tour Montparnasse, dernièrement évoqué par les médias, n’est malheureusement pas unique.
- Des résistances de la part des propriétaires ou des responsables confrontés au coût exorbitant des opérations de repérage et d'éradication éventuels.

Cette situation a été très bien exposée dans l'article du MONDE du 23 avril 2005 et il est possible d'espérer que la situation va évoluer favorablement dans les prochaines années. Il est, par ailleurs, notoire que le problème de santé publique posé par l'amiante fait partie des sujets qui sont susceptibles d'être qualifiés de sensibles, au même titre que les affaires dites du sang contaminé, la vache folle, des retombées du nuage de Tchernobyl, etc. etc. etc....
La comparaison n'est pas tout à fait justifiée car la dangerosité de l'amiante est tout de même reconnue depuis près de cent ans ! ! !
En 1906, un inspecteur du travail, M. AURIBAULT, écrivait dans une note sur l'hygiène et la sécurité des ouvriers dans les filatures et tissages d'amiante, que ces derniers étaient « exposés à l'action pernicieuse des poussières » (situation rappelée dans le bulletin de l'ANDEVA, numéro 13 de juin 2004).
En 1935, le risque de cancer du poumon dû à l'amiante était évoqué pour la première fois.
En 1945, l’amiante figure, avec la silice au tableau des maladies professionnelles, sous le numéro 25, établissant ainsi un parallèle entre la silicose et l’asbestose.
En 1950, le tableau 30, spécifique à l'amiante, est ajouté dans le sombre répertoire des maladies professionnelles.
Et ce n'est finalement qu’en 1997 qu’est interdit, en France, l’usage de ce poison ! ! !
On peut donc constater que la connaissance de la dangerosité de l'amiante, soupçonnée depuis 100 ans, avérée depuis 55 ans, n'a entraîné l'interdiction de son utilisation industrielle que depuis moins de neuf ans ! ! !
Certains scientifiques ayant suivi l'évolution de cette affaire n'hésitent pas à accuser le lobby des industriels de l'amiante qui, par l'intermédiaire de son bras armé, le Comité Permanent de l'Amiante (CPA), créé en 1982, aurait fait pression sur le pouvoir politique pour retarder les décisions qui s'imposaient et que, d'ailleurs, d'autres pays industrialisés avaient déjà adopté. La mise en cause du C.P.A. peut se discuter mais il ne faut pas, non plus, négliger la carence des autorités et des syndicats de salariés pendant la période de 1950 à 1982.
Ce sont, bien sûr, ces dysfonctionnements qui ont conduit le conseil d'État (décision du 3 mars 2004) à reconnaître la responsabilité des pouvoirs publics. La-dite décision entraîne automatiquement la judiciarisation du problème avec des conséquences sur les possibilités d'indemnisation pour les malades, ou leurs ayants-droits en cas de décès.
La jurisprudence est abondante.
Aujourd'hui en CORSE, mais surtout en Nouvelle-Calédonie, beaucoup de gens se posent la question suivante :

FAUDRA-T-IL ATTENDRE ENCORE CINQUANTE ANS POUR QUE LE PROBLEME DE SANTE PUBLIQUE POSE PAR L'AMIANTE ENVIRONNEMENTAL SOIT ENFIN EXAMINE SERIEUSEMENT ?


Est-ce que le fantomatique centre national de recherche technologique sur le nickel (C.N.R.T) promis par le président de la république lors de sa visite sur le territoire, en 2003, ne va pas avoir le même rôle que le C.P.A. et freiner les décisions que craignent les sociétés S.L.N. , FALCONBRIDGE et INCO qui opèrent ou envisagent d’opérer en Nouvelle-Calédonie ?

Les Calédoniens se souviennent que le président de la république M. CHIRAC a placé, en priorité, la lutte contre le cancer et la protection de l'environnement dans les objectifs de son quinquennat.
Ils attendent donc des mesures qui, sans mettre en péril l'industrie du nickel, qui est à la base de l'économie du territoire, parviennent à minimiser son impact négatif sur leur santé.

Que faut-il entendre par amiante environnemental ?

Il ne s'agit plus de l'amiante utilisé industriellement en raison de ses propriétés spécifiques extraordinaires de résistance qui lui ont valu le qualificatif de « magic minéral ».
Le problème réside dans la présence d'amiante à l'état naturel dans l'environnement. C'est ainsi qu'il convient de faire le distinguo entre l'amiante dit « industriel » ou « domestique » qui a été ouvragé et utilisé pour être mis en oeuvre par l’homme, et l'amiante « environnemental » qu’il est possible de rencontrer dans le sol lorsque le faciès géologique y est favorable (voir annexe n°1 ).

Situation de la Nouvelle-Calédonie vis à vis de l'amiante environnemental

En Nouvelle-Calédonie, il est possible de rencontrer pratiquement toutes les variétés d'amiante dans l'environnement naturel, et cela, aussi bien pour ce qui concerne la famille des amphiboles que celle des serpentines. Une médiatisation savamment orchestrée a été entretenue autour d'une variété d’amphibole, la trémolite, utilisée comme succédané au classique lait de chaux, pour badigeonner certaines cases mélanésiennes en torchis. Différentes missions de l’INSERM ont étudié très doctement la situation. Le rapport détaillé de leurs travaux, publié en juin 1994, conclut que cette trémolite, appelée « pö» en langue vernaculaire, serait à l'origine du fait que le taux de cancer de la plèvre est en Nouvelle-Calédonie près de 10 fois supérieur à celui de la métropole.
Toutefois, ce rapport, co-signé par des personnalités scientifiques qualifiées : Danièle LUCE, Pâquerette et Marcel GOLDBERG (INSERM, U88), Philippe QUENEL (RNSP), Patrick BROCHARD (INSERM, U 139), a, malgré tout, demandé à ce que des études complémentaires à caractère géologique et métrologiques soient entreprises pour rechercher s’il n’y aurait pas d'autres sources d'exposition des populations que cette trémolite utilisée en badigeon.

Cette demande est restée lettre morte sans qu'il soit possible d'affirmer qu'il s'agit d'une volonté délibérée de cacher une autre origine, ou une conséquence fâcheuse du transfert de la compétence, en matière de santé, aux autorités locales suite aux accords dits « de Nouméa ».
Quoiqu'il en soit, André FABRE, minéralurgiste à la retraite, membre de la Société de l'Industrie Minérale, s’est intéressé à cette affaire après avoir constaté que les géologues qui avaient guidé les épidémiologistes de l'INSERM sur le terrain, avaient « omis » de leur signaler la présence d'amiante chrysotile sur les sites miniers. Cette « omission » est d'autant plus suspecte que la carte géologique figurant dans l’atlas de la Nouvelle-Calédonie, publié en 1981 par l’ ORSTOM. (Aujourd'hui I.R.D. Institut de Recherche pour le Développement) indique clairement que les zones à serpentines correspondent très précisément avec les régions où ont été recensées les cases badigeonnées à la trémolite. Mais, en outre, il se trouve que ces régions sont également celles où existent ou ont existé des exploitations d'extraction du minerai de nickel. Cet «oubli » des géologues locaux, tous liés professionnellement aux sociétés minières, aurait pu relever simplement de la faute professionnelle, du manque de curiosité intellectuelle ou de la négligence et cela, sans grave conséquence, si, par la suite, les préconisations de l'INSERM en faveur d'études géologiques complémentaires avaient été prises en considération ; nous avons vu que hélas, cela n'a pas été le cas...
Il semblerait donc que nous sommes précisément dans le cas où des poursuites pour « mise en danger de la vie d'autrui » ou « faute inexcusable » pourraient être envisagées.
Poursuivant ses investigations, André FABRE, a demandé à la DASS-NC (Direction des Affaires Sanitaires et Sociales de Nouvelle-Calédonie) de lui communiquer les statistiques concernant les cas déclarés de cancer de la plèvre (mésothéliomes). Cette pathologie est, en effet, un indicateur reconnu fiable pour l’estimation de la dangerosité d'une situation par rapport au risque amiante : contrairement au cancer broncho-pulmonaire, elle est indépendante du degré de tabagisme du malade et ne peut être attribuée qu’à l’amiante.
Les résultats, établis par Francine BAUMANN, épidémiologiste de l'Institut PASTEUR de Nouméa, qui tient, pour le compte de la DASS-NC, le registre des cancers, mettent en évidence « l'absence de lien systématique entre la présence de cases enduites de « pö » et les cas de mésothéliomes » (dépêche A. F. P - Nouméa du 20 mai 2005).
L'examen détaillé du tableau récapitulatif (voir annexe numéro 2) révèle quelques évidences, mais aussi quelques anomalies.
Au 31 décembre 2002, la population de la Nouvelle-Calédonie était estimée à près de 220 000 habitants répartis en 33 communes. Le tableau de Francine BAUMANN indique que seules 17 communes ont recensé, au moins un cas de mésothéliome entre 1984 et 2002. Parmi ces 17 communes, Nouméa, la capitale avec 84 400 habitants, vient au dernier rang par rapport au taux de mésothéliomes.
Cela met en évidence la preuve qu’en Nouvelle-Calédonie, la pollution par l'amiante est essentiellement de type environnemental.
Cette constatation est encore renforcée par le fait que l’ethnie mélanésienne, qui vit majoritairement en quasi symbiose avec l'environnement naturel, représente, à elle seule 90 %, des cas enregistrés par le registre des cancers.
Pour l'observateur au courant de l'histoire de l'exploitation minière de l’île, il est significatif de constater que les deux communes qui ont connu les premiers chantiers d'extraction de minerai de nickel présentent des résultats défavorables :
Le Mont-Dore, aux portes de Nouméa a subi les premiers coups de pioche de mineurs en 1873, Houaïlou, sur la côte Est a suivi, quelques années plus tard : les habitants du Mont Dore, commune limitrophe de Nouméa, courent 7 fois plus de risque que ceux de cette dernière.
Quant à ceux de Houaïlou, ce risque est 100 fois plus élevé avec un total de 4,22 cas de mésothéliomes pour 1000 habitants sur une période de 20 ans.
L'anomalie la plus évidente réside dans le fait que Houaïlou est entourée de communes pour lesquelles aucun cas n'a été déclaré auprès du registre des cancers ! ! !
Cette situation est à rapprocher de celle que certains avaient osé défendre après la catastrophe de Tchernobyl, « le nuage contaminé se serait arrêté à la frontière française » ! ! !
Aucune personne honnête connaissant les caractéristiques aérodynamiques des fibres d'amiante et le régime quasi constant des alizés qui règne sur la Nouvelle-Calédonie, ne peut admettre une telle énormité.
Certains médias l’ont pourtant implicitement cautionnée en titrant leurs articles « l'énigme de Houaïlou ».
Il n'y a en effet, rien d'extraordinaire au fait que cette commune compte un très grand nombre de cas de mésothéliomes : ce triste résultat provient du fait que les anciennes exploitations n’ont jamais été revégétalisées et que les serpentines constituant la semelle de péridotites sont soumises aux agressions météorologiques et libèrent, en permanence des fibres d'amiante chrysotile (voir annexe numéro 1). L'énigme réside, à notre avis dans le dysfonctionnement probable du dispositif de déclaration de mésothéliomes auprès du registre des cancers. De toute façon, une enquête sanitaire semble s'imposer.
L'affaire du « scandale de l'amiante » va forcément connaître un évident rebondissement par son implication dans les domaines miniers et environnementaux.
La section calédonienne de l’ANDEVA, (ADEVA-NC) créée récemment envisage d'exiger que le futur CNRT Nickel, ou toute autre structure, prenne enfin en charge des recherches scientifiques (épidémiologiques, géologiques, métrologiques) indispensables pour résoudre cette problématique.
Ces recherches doivent être entreprises sous le contrôle rigoureux d'organisations crédibles et, pourquoi pas, de l’ANDEVA ; il ne s’agit pas, en effet, de reproduire la situation qui a prévalu jadis avec le C.P.A.

 

 

 

 


ANNEXE N°1

Origine géologique de l'amiante rencontrée en Nouvelle-Calédonie et relation avec le minerai de nickel silicate

L’existence d'une relation étroite entre amiante et minerai de nickel silicaté qui est bien connue des scientifiques, a été portée pour la première fois à la connaissance du grand public grâce à un article du Monde du 27 mai 1981 à la rubrique « sciences et techniques », sous la signature d’Yvonne REBEYROL.
La Nouvelle-Calédonie constituait, dès la fin de l'ère secondaire, un fragment de croûte continentale détaché du bloc indo-australien à la faveur du processus de dérive des continents et la disparition du GONDWANA.
Ensuite, au cours d'une phase tectonique paroxysmale du tertiaire, dans l'oligocène, c'est-à-dire il y a environ 40 millions d'années, un phénomène de subduction a permis aux péridotites qui constituent la base de la lithosphère, d'émerger et d'apparaître en surface du socle continental d'origine.
Ce phénomène de subduction / obduction a conduit le péridot ou olivine qui constitue le minéral essentiel des roches péridotiques à se transformer métamorphiquement en serpentine.
Le degré de serpentinisation varie avec le contexte local, car la serpentinisation est une altération hypogène due à l'action de l’eau sous une pression de plus d'un kilobar et à une température de près de 500°.
C'est ainsi que sont apparues les ophiolites ou serpentines amiantifères décrites par Yvonne REBEYROL .
Il convient de rappeler que ce même processus géologique a permis, en Corse du nord-est, l'apparition des amiantes chrysotile et trémolite exploités jusqu'en 1965 à Canari. Le phénomène qui s'est produit en Corse est connu de tous sous l'appellation de « plissement alpin ».
En Nouvelle-Calédonie, suite à leur émergence, les péridotites reposent, par l'intermédiaire d'une semelle serpentinisée, sur presque toutes les formations antérieures à l'oligocène.
Il est admis qu'elles couvrent ainsi 40 % de la surface du territoire. La semelle de serpentine a une épaisseur qui varie de quelques mètres à une centaine de mètres. Elle contient des blocs de toutes dimensions constitués, le plus souvent, de péridotites et, plus rarement, de fragments arrachés au substratum.
Les alternances d’harzburgites et de dunites soulignent une stratification magmatique.
Il a été noté que ces roches étaient d'autant moins serpentinisées qu'elles sont plus éloignées de la semelle de base. Cette zonalité souffre toutefois d'exceptions :
-Des écaillages à l'intérieur des massifs créent des semelles secondaires,
-Certaines péridotites serpentinisées recoupent totalement la zonalité et dessinent des nuages au milieu des péridotites moins serpentinisées,
-On observe, quelquefois, des bancs d'une dizaine de mètres d'épaisseur, peu serpentinisés, encaissés dans une roche qui l’est beaucoup plus.
En Nouvelle-Calédonie, ces péridotites plus ou moins serpentinisées, soumises à l'altération météorique en climat tropical, ont vu leur composition évoluer et certains éléments peu solubles ont subi une concentration relative : c'est ainsi que des gisements de nickel commercialement exploitables sont apparus.
Malheureusement (ou heureusement, selon le point de vue duquel on se place), la Corse, ne connaissant pas les mêmes conditions climatiques, n'a pas connu cet aspect de l'altération des péridotites serpentinisées et ne recèle donc pas de sites nickélifères notables.

 

ANNEXE N°2

Amiante : au moins 160 morts à venir dans les 10 prochaines années ; Houaïlou, largement en tête des communes à risque

De 1984 à 2002, 89 cancers de la plèvre ont été enregistrés au registre des cancers de Nouvelle-Calédonie. Pour seulement 68 d'entre eux le diagnostic histologique de mésothéliome était confirmé. Pour les 21 autres cas, le diagnostic histologique noté était :

- 9 adénocarcinomes
- 3 carcinomes épidermoïdes
- 2 tumeurs épithéliales
- 1 fibrosarcome
- 1 tumeur carcinoïde
- 1 lymphome
- 3 néoplasies sans autre précision
- 1 tumeur des tissus mous.


Seuls les 68 mésothéliomes confirmés par l’anatomocytopathologie ont été retenus comme cas de notre étude. Ils se répartissent en 37 hommes et 31 femmes, âgé de 31 à 81 ans. La moyenne d'âge est de 58,2 ans (60,7chez les hommes et 56,3 chez les femmes) et la médiane : 59 ans. 61 cas sont mélanésiens (soit 89,7 %), 5 Européens (7,4 %), 1 indonésien de 59 ans et un tahitien de 39 ans. Tous les cas européens sont des hommes de plus de 60 ans. Près de 30 % des cas, tous mélanésiens, vivent sur la commune de Houaïlou (tableau ci-dessous).

 

Tableau de répartition des 68 cas de mésothéliome pleuraux par groupe ethnique, sexe et commune de résidence.

 

 



L'amiante et la santé en Nouvelle-Calédonie en quelques chiffres

Sur la base des dernières statistiques officielles publiées par la direction des affaires sanitaires et sociales de Nouvelle-Calédonie (DASS-NC) auxquelles nous nous sommes permis de superposer quelques résultats observés ailleurs, il apparaît que l'amiante est la cause du décès de 16 à 28 personnes chaque année.
L'écart important entre ces deux valeurs, provient du fait que les statistiques disponibles sont basées sur les déclarations au registre des cancers. Or, dans la plupart des cas, les causes précises du décès ne sont pas recherchées : les déclarations, quand il y en a, utilisent le terme générique de «cancers du poumon ».
Selon les derniers chiffres connus, il y aurait, en 2003, par exemple, 8 cas de mésothéliome, lesquels ont, indiscutablement, toujours pour origine l'amiante et l'amiante seule.
L’incertitude provient de la part que l'on peut attribuer à l'amiante dans les 80 cancers respiratoires recensés.
La communauté scientifique admet généralement que 10 % des cas de cancer broncho-pulmonaire peuvent être attribués à l'amiante.
Dans notre cas, cela fait donc, un minimum de 8+8, soit 16 décès par an.
D'autres sources, ayant pour origine le classement des maladies professionnelles, indiquent qu'un multiplicateur de 2,5 est constaté pour quantifier les cas de cancers du poumon attribuables à l'amiante (pathologies numéro 30C et 30bis du tableau des maladies professionnelles).
On arriverait donc, dans cette hypothèse, au total de 8 + (8 x 2,5), soit 28 décès annuels, qui est notre estimation haute.
Les autres pathologies de l'amiante (asbestose, fibrose pleurale) qui n’entraînent pas automatiquement une issue fatale, peuvent être estimées dans une fourchette de 48 à 74 cas déclarés annuellement, toujours sur la base des répartitions dans les maladies professionnelles reconnues (cf Henri PEZERAT, directeur de recherche honoraire au CNRS).
Tous ces chiffres doivent, de plus, être considérés comme des minima en raison de la spécificité de l'organisation du système de santé en Nouvelle-Calédonie.
En effet, si la causalité des décès est constatée médicalement en quasi-totalité à Nouméa, la capitale, il n'en est pas de même pour les communes dites de brousse. C'est ainsi que, pour l'année 2002, 134 décès, sur un total de 1120, n’ont pu être attribués à une cause certaine.

Synthèse d’informations sur la gestion du risque amiante en Nouvelle Calédonie.

En Nouvelle Calédonie il est possible de rencontrer, à l’état naturel la quasi-totalité des variétés d’amiantes, aussi bien pour ce qui concerne la famille des amphiboles que celle des serpentines.
L’histoire géologique de l’île, comparable à celle de la Corse, est liée à des phénomènes tectoniques qui se sont produits il y a environ 40 millions d’années.
Ces phénomènes ont permis, par métamorphisme, l’évolution des péridotites en serpentine et serpentinite : c’est ainsi que co-existent des sites riches en chrysotile, trémolite, crocidolite, etc… les péridotites, plus ou moins serpentinisées, couvrent environ 40% de la surface de l’île et constituent le faciès caractéristique des gisements de minerai de nickel silicaté. (Surfaces sombres du logo)
L’exploitation de ces gisements a entraîné l’exposition des serpentinites aux agressions météorologiques : ces serpentinites sont, en effet, en majorité à l’interface du socle continentale (antérieur à l’oligocène) et des zones nickélifères. Les zones exploitées par les mineurs n’étant pas systématiquement revégétalisées, les fibres d’amiantes polluent en permanence l’environnement. L’ensemble des populations est donc susceptible d’inhaler ce poison et principalement les habitants des zones non urbanisées.
Le taux de cancers de la plèvre est dix fois supérieur à celui de la métropole (Cf. rapport INSERM)
Pour ce qui concerne les salariés, le dispositif local de la Caisse d’Allocations Familiales et des Accidents du Travail (CAFAT) n’indemnise pas les malades victimes des pathologies liées à l’amiante. D’autre part, le dispositif métropolitain qui prévoit la « cessation anticipé d’activité des travailleurs de l’amiante » (ACAATA) n’existe pas encore en Nouvelle Calédonie : en effet le lobby des industriels du nickel persiste, contre toute évidence, à nier la présence d’amiante dans l’environnement en général et dans l’environnement minier en particulier.
La catastrophe sanitaire touche l’ensemble de la population avec une proportion presque équivalente de femme et d’homme parmi les victimes (90% des victimes sont d’origine mélanésienne) : il ne s’agit donc pas de risque professionnel stricto sensu mais bien d’un problème de santé publique.
Dans ce contexte, l’ADEVA-NC (Association de Défense des Victimes de l’Amiante en Nouvelle Calédonie) ne peut satisfaire à ses objectifs principaux qui sont l’aide aux malades de la diffusion des informations liées à la prévention.
Nous sollicitons donc de nos parlementaires l’étude de la désignation d’une commission d’enquête sur la problématique amiante en Nouvelle Calédonie. Cette commission pourrait cibler les domaines suivants :
- Etude et, le cas échéant, mise en évidence de la dangerosité de l’amiante naturel environnemental,
- Etablissement d’une cartographie des zones à risque amiante sur le modèle de ce qu’a réalisé le BRGM en Corse,
- Audit du fonctionnement des services de santé,
- Audit du fonctionnement des services sociaux,
- Etude épidémiologique détaillée axée en priorité sur les populations des zones à risque,
- Recherche, avec la collaboration du service des douanes, du risque lié à l’importation de produits contenant de l’amiante.
L’ADEVA-NC serait prête à apporter sa collaboration à cette éventuelle mission. Toutefois, s’agissant d’un sujet très « pointu » et sensible à bien des égards, il serait souhaitable de faire appel à des spécialistes de haut niveau et surtout indépendants des industriels du nickel : il ne s’agit pas de reproduire les soupçons qui ont pu être évoqués, à tort ou à raison, dans le fonctionnement du CPA.


Publié dans amiante

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article